27 Jul. 2020

“5 OCTOBRE”, L'ART DU VÉCU

Designers

Rencontre avec la créatrice Sophie Pfeffer


“5 OCTOBRE”, L'ART DU VÉCU

Rencontre avec la créatrice Sophie Pfeffer

Depuis maintenant quinze ans, Sophie Pfeffer réalise des bijoux. Faisant de sa passion, un métier, cette autodidacte, a préféré délaisser sa robe d’avocat pour créer sa marque “5 octobre”. Dans son atelier parisien, situé en plein coeur de Saint Germain des Prés, elle compose des pièces précieuses et épurées aux inspirations plurielles comme son imagination le lui dictait. Or, argent, émeraude, gemme, la créatrice aime sublimer la nature des pierres et les rendre toujours plus singulières. Entretien avec cette créatrice résolument dans l’air du temps.

“La joaillerie, c’est avant tout une question d’envie et de passion, celle de créer des belles choses,” débute Sophie Pfeffer. “Seule la passion et l’amour du métier permettent cette énergie créatrice et cette envie de la transmettre autour de soi.” Pour ses collections, la créatrice s’inspire de parures anciennes et de pièces vintages tout en puisant dans l’art contemporain, la sculpture, la peinture ou la mode, afin de créer des pièces épurées et contemporaines. Le “vécu”, voilà ce qui intéresse véritablement cette designer qui souhaite restituer cet aspect “vécu” grâce au choix des pierres et au travail du métal. Donner de l’âme à un bijou à travers la préciosité de la matière, son histoire, puis celle de son acquéreur. Le “vécu” du bijou porté. L’histoire de “La parure”, comme Guy de Maupassant s’en était déjà inspiré.

L’esprit des collections “5 octobre” allie donc ce savoir-faire ancestral de la matière brute avec la dextérité de l’artiste moderne. “Lorsque je crée, je pars du dessin, du concept, ou bien de la matière elle-même. Chaque collection correspond à un univers pensé, à un thème précis. Il y a toujours de la continuité dans mes créations et mes collections”, explique Sophie Pfeffer. La créatrice tend de plus en plus à proposer des éditions limitées, des bijoux uniques. Revenir au luxe pur : celui d’en être le seul détenteur. Pour l’instant, la créatrice fabrique des petites quantités, une production à la demande. “On a cette philosophie d’entreprise depuis nos débuts, tient-elle à préciser. Plus qu’une philosophie dans l’air du temps, c’est un ADN fort qui ne correspond ni à une stratégie marketing, ni à une illusoire volonté de greenwashing.” Derrière ce savoir-faire et ces compositions raffinées, où la pierre demeure centrale, se cache ainsi une chaîne d’artisans partageant tous ce goût du beau et de l’objet précieux. Avec ses compositions, “5 octobre” célèbre ainsi l’artisanat dans toute sa splendeur : le brut, l’éclairé et le brillant.

Le monde change. Le consommateur, saturé par des années de mass-market et de course à la consommation, revient peu à peu à une culture de la beauté et de la lenteur. “Il faut recréer du rêve,” confie Sophie Pfeffer. “Plus encore, il faut redonner sa valeur aux objets. Il y a une véritable démarche responsable dans la création. Montrer l’exemple, ne pas produire à outrance, ne pas créer des choses qui ne servent pas finalement.” L’utilité dans l’art ou la mode, pourtant, ne devrait pas prédominer dans la création. Car qu’est-ce que l’art finalement, si ce n’est la volonté de transcender le réel ? “Oui, évidemment la mode est futile, comme l’art, comme la quête du beau… Mais on a aussi besoin de donner du sens à ce que l’on crée. Que nos bijoux soient à l’image de nos valeurs et de notre vision du monde.” C’est ce petit supplément d’âme que l’on retrouve dans les créations de Sophie Pfeffer qui font peut-être aussi son charme désuet et sa romance presque nostalgique. Au regard de ces bijoux précieux, on imagine cette pierre brute, puis cet atelier parisien et cette élégante créatrice qui laisse vagabonder son inspiration au milieu des livres, des oeuvres d’arts et de ses pensées. Puis on pense à ces mains qui les ont façonnés, aux longues heures qu’il a fallu à ces artisans pour les créer… Le charme immédiatement se fait. L’histoire se déroule. Le “vécu”.

Une histoire que la créatrice partage avec Premiere Classe depuis ses débuts, quinze ans auparavant. “Les temps changent, internet est passé par là, mais Premiere Classe reste un salon ayant une place et une aura essentielle dans le monde. Ce contact avec les gens est nécessaire car internet lisse tout et met tout le monde au même niveau. Seules ces rencontres permettent de créer du sens dans la création. Un artisan, un créateur, même un acheteur, doivent se rencontrer. Ils doivent sortir de leur tour d’ivoire”, conclut-elle dans un sourire. Sur Premiere Classe, le dialogue reste en effet essentiel entre professionnels venus discuter du marché, de techniques et de bons procédés, ou de créateurs venus tester leur dernière collection auprès d’un public sélectif au regard aiguisé. Une première étape essentielle avant la commercialisation, comme en atteste de nombreux créateurs réunis lors de cette édition.

“Donner du sens à la création, c’est ce qui donne une humanité à notre monde”, conclut ainsi la joaillière passionnée. En donnant du sens à ses bijoux à travers une production raisonnée et une création personnalisée, Sophie Pfeffer renoue ainsi avec la tradition d’un bijou unique et précieux, chargé d’histoire et de symbole. Des gemmes aux couleurs insolites aux pièces vintages, des parures brutes aux compositions minimalistes, ces oeuvres sont comme une invitation à voyager dans le temps. Plus encore, une invitation à vivre longtemps et pleinement. L’art du vécu, comme le manie si bien Sophie Pfeffer, est un luxe qui se perd et qui aurait pourtant tout à gagner.

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