“CLARAMONTE”, L’ESPOIR D’UN SOUFFLE NOUVEAU
Designers
Rencontre avec le créateur Philippe Bertrand
En ce samedi matin, les visiteurs peu à peu franchissent l’entrée de Premiere Classe. Philippe Bertrand y présente la nouvelle collection de sa marque de sacs, Claramonte, qu’il a créé en 2005, avec son associé et ami Pierre Gionet. Ancien étudiant à la Chambre syndicale de la Couture parisienne, le créateur qui a officié ensuite pour de grandes maisons - Lacroix, Chanel, Mugler et Yves Saint Laurent - célèbre dans ses créations l’artisanat et le fait-main. Avec Claramonte, le duo propose une ligne contemporaine de sacs et de chaussures tressés comme une ode poétique au voyage et à l’évasion. Entretien avec un créateur passionné.
Tout commence lorsque Pierre Gionet et Philippe Bertrand se rencontrent en 2004. L’un est assistant designer, l’autre travaille en tant qu’assistant maître d’art dans la Maison Lemarie. En un an, la marque Claramonte est créée, l’histoire peut commencer. Dès leurs débuts, les deux associés présentent leur collection à Premiere Classe où ils développent une clientèle japonaise très importante qui représente à l’époque plus de 90% de leur chiffre d’affaire. Puis viennent les premiers succès en Europe. La période est faste, c’est le début des années 2000, le marché est en plein boom et les frontières ne cessent de reculer, permettant à Claramonte de séduire une clientèle toujours plus large.
Depuis, l’industrie a changé et l’horizon s’est déplacé. Les échanges avec le marché asiatique ont diminué pour se tourner désormais vers les États-Unis où la marque aux allures nomades et folklorique a su se faire un nom. Exaltée par l’énergie insufflée par le marché américain, Claramonte a su y renouveler sa clientèle tout en poursuivant toujours son business avec l’Europe, la France, l’Espagne, l’Italie, la Belgique et même la Grèce où les collections estivales sont très prisées. La période pourtant est au questionnement et aux remises en question. La marque cherche à se repenser dans une industrie en pleine mutation. Tout comme la mode, Claramonte est en transition.
Présenté à Premiere Classe depuis ses débuts, la marque continue de venir y présenter ses collections, deux fois par an. L’événement, situé au coeur de Paris, en pleine Fashion Week, est l’occasion pour Philippe Bertrand de venir tester ses dernières créations tout en prenant le poul de l’industrie. Chaque année, le créateur retrouve ainsi des visages familiers avec qui il échange. Optimiste de nature, il promeut la patience dans une industrie en pleine révolution confrontée au tout numérique, à une compétition accrue face à l’explosion du marché et aux nouveaux impératifs de l’éco-responsabilité. “Le monde est en plein bouleversement, nous aussi,” sourit le créateur. “Nous sommes tous en transition.” Or la transition, c’est aussi cette idée de mouvement, cette volonté d’avancer et de progresser vers une autre réalité : la création de multiples possibles.
Depuis ses débuts, les créations de Philippe Bertrand font la promotion d’une mode éclairée. Le travail des petites mains et des couturières au savoir faire exceptionnel dont le talent est trop souvent renié au profit d’une industrie globalisée qui fait primer les enjeux financiers de la délocalisation à l’art de créer de beaux objets. La durabilité, l’excellence et le fait main sont autant de valeurs transmises à travers ses créations venues d’ailleurs et pourtant fabriquées tout près. Le designer promeut ainsi une mode en prise avec son temps, aussi complexe soit-elle, et cherche des solutions pérennes et viables pour pouvoir continuer à créer comme il le souhaite. “Notre clientèle est de plus en plus informée et exigeante. Elle tend à être également plus responsable, nous devons suivre le mouvement entrepris par le consommateur.” La marque n’a pas hésité alors à remplacer la fourrure véritable par de la fausse fourrure pour satisfaire une clientèle refusant catégoriquement d’en porter, notamment leur client américain Anthropology. “Nous trouvons des solutions pour s'adapter à l’air du temps,” conclut-il. “Mais depuis nos débuts, tous nos produits sont réalisés en cuir végétal, le tannage n’est absolument pas chimique. Le cuir peut donc évoluer au niveau de la teinte, notamment au contact du soleil, mais tant que nous sommes transparents avec nos clients, ils nous suivent.” La transparence est en effet le nouveau cheval de bataille des marques pour pérenniser une clientèle parfois frileuse et toujours en quête de sens.
Une transparence et un dialogue que l’on retrouve dans les rangs de Premiere Classe entre designers, entrepreneurs, fabricants et acheteurs. Entre sourires entendus et accolades solidaires. “Ce genre de rassemblement est unique car on s’ouvre aussi à d’autres marques et à d’autres professionnels qui vivent la même chose que nous au quotidien. C’en est fini d’une mode ultra compétitive et opaque, souvent snob finalement. Aujourd’hui le dialogue et la collaboration priment sur la compétitivité. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère d’ouverture. Je pense que c’est ce dialogue qui permettra finalement aux designers et marques de trouver des solutions ensemble et à long-terme”, conclut Philippe Bertrand avec espoir.
Au fil de ses collections, Claramonte continue ainsi de défendre un idéal : celui d’une mode ouverte, créative et à deux temps. “Nos collections sont très marquées par les saisons. L’hiver, on préfère le lainage, des couleurs plus sombres et l’été des matières plus légères, des teintes plus joyeuses, du lin par exemple.” Dans une industrie en quête de nouvelles temporalités et à la recherche de modèles plus vertueux et plus lents, Claramonte poursuit donc son histoire à deux temps : Printemps-Été et Automne-Hiver.
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