Rencontre avec LUCIE BOURREAU, co-fondatrice de la marque MII
Designers
"Nous voulons que nos créations aient un sens, l’humain est au coeur de notre projet"
Situées au centre de la tente “Tuileries”, les créations de la marque Mii attirent le regard comme une invitation au voyage et à l’évasion avec leurs robes légères et colorées et leurs tissus précieux aux motifs oniriques. Depuis six ans, les collections du couple de designers franco-indien Bapan Dutta et Lucie Bourreau s’inspirent de la nature et de l’art pour créer des foulards et étoffes en tout genre mais aussi une ligne de prêt-à-porter haut de gamme depuis deux ans. Leurs oeuvres mêlent leur passion pour le voyage, la culture, la mode et son savoir faire mais aussi pour leurs deux pays d’origine, l’Inde et la France. Partageant leur vie entre la Bretagne et la région du Bengale, le tandem qui s’est rencontré sur les bancs de l’école des Arts Décoratifs à Paris poursuit son périple avec succès.
Que signifie le nom Mii ?
Mii c’est l’acronyme de “made in India” d’où est originaire mon mari. On a beaucoup voyagé en Inde pour lancer notre marque, on a analysé comment les gens travaillaient et on est arrivé à monter un projet qui permet de travailler de manière inspirante et bénéfique pour tout le monde. Nous sommes fidèles à nos artisans et nous essayons de faire évoluer leur savoir faire et de les motiver afin que cet artisanat soit conservé car c’est un secteur menacé en Inde. Dès la création de Mii, nous voulions vraiment mêler créativité et savoir faire local.
Comment la petite marque de fabrication indienne est-elle devenue aussi populaire dans le monde entier ?
On a monté nos ateliers en Inde, c’était une toute petite structure et aujourd’hui on a 150 tisseurs qui travaillent pour nous ainsi que 10 brodeurs qui font tous nos échantillons. L’idée c’est qu’à travers nos collections, nos artisans aient du travail toute l’année. On travaille dans la région du Bengale, c’est une région connue pour ses tissus d’été or nous avons aussi introduit tout ce savoir faire de l’hiver pour travailler de manière locale à 100%. On a démarré sur le foulard, on s’est directement bien développé et il y a deux ans, on a décidé de monter notre collection de prêt-à-porter qui nous permet de faire travailler beaucoup de monde sur nos projets.
Où trouvez-vous l’inspiration de toutes vos collections ?
Pour chaque collection, on développe toujours des thèmes différents. On s’est inspiré notamment des livres de “Martine” comme “Martine à la plage” mais nos collections ne réfèrent pas forcément à un lieu, cela peut être aussi un concept. En l’occurrence, cette saison, on travaille sur les Cyclades en Grèce. On développe vraiment toutes les étapes de création et de fabrication de nos pièces : les tissés, les imprimés et les couleurs... Tout part vraiment du fil.
Quelle est votre histoire avec Premiere Classe ?
Nous sommes présents à Premiere Classe depuis les débuts de notre marque il y a six ans. C’était le seul événement que l’on faisait au départ et ça a tout de suite très bien marché. Premiere Classe nous a lancé dans le milieu. On a une clientèle très internationale et fidèle que l’on retrouve à chaque édition.
Avez-vous un souvenir ou une rencontre qui vous a marqué lors d’un évènement Premiere Classe ?
C’était une édition peut-être un peu moins bonne que les précédentes et au moment de la fermeture, on s’apprêtait à ranger le stand lorsqu’un acheteur japonais s’est arrêté et a commencé à nous poser des questions sur nos produits. Et finalement, on découvre que c’est le fondateur de Tomorrowland, l’un des plus gros concepts stores du Japon. Cela a donné suite à une collaboration pendant presque deux ans. C’était une expérience assez incroyable !
Comment voyez-vous l’évolution de la mode éco-responsable ?
En tant que créateurs, on se pose tous beaucoup de questions. La mode est un secteur particulier dans le rapport à l’écologie donc évidemment on a beaucoup de problématiques sur lesquelles il faut réfléchir. Mais on remarque aussi un décalage chez les consommateurs qui semble désireux d’acheter des produits éco-responsable mais qui finalement ne sont pas encore prêts à les assumer. Un produit en teinte naturelle cela signifie par exemple que c’est un produit tissé à la main, organique, qui va donc avoir des irrégularités. L’indigo, c’est une couleur qui ne peut pas être fixe… C’est difficile de trouver l’équilibre entre ce que l’on veut pouvoir faire et ce que les gens sont prêts à acheter.
La nature et l’humain sont au coeur de votre philosophie de marque.
Nous voulons que nos créations aient un sens, l’humain est au coeur de notre projet. Nous créons et fabriquons nos pièces, cela impose des limites tant dans l’élan créatif que dans la productivité. Nous ne sommes pas des machines, nous axons davantage nos collections sur la qualité et la créativité. C’est bien aussi d’avoir des limites.
Comment concevez-vous la collaboration dans la mode ?
On vient d’intégrer le programme “Talents” lancée par la Fédération Française du Prêt-à-Porter qui est un programme de coaching qui regroupe cinq marques choisies selon différents critères de développement. Et là on est vraiment dans une philosophie de partage : on discute de nos ressources, de nos réflexions et de nos compétences à travers des masterclass notamment. Mais si personne ne fédère cela, c’est plus difficile de créer ce genre d’échanges. Nous partageons notre vie entre la Bretagne et l’Inde où nous vivons une partie de l’année, nous avons finalement peu de temps pour rencontrer d’autres designers hormis dans des évènements comme Premiere Classe.
En quoi Premiere Classe est un rendez-vous incontournable de votre calendrier ?
Premiere Classe permet encore ce contact humain, cet échange entre les différents métiers du secteur. Chaque édition, on retrouve nos clients qui ont suivi l’histoire de notre marque Mii mais également la nôtre. C’est un vrai rendez-vous.
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