20 Nov. 2019

THORAVAL : UNE POÉSIE BRUTE EN FORME DE BIJOUX

Designers

Entretien avec Geneviève Chevillot, créatrice de la marque de bijoux Thoraval


Serge Thoraval était un autodidacte qui s’est lancé avec sa femme Geneviève Chevillot dans la création de bijoux artisanaux en argent massif. Non loin du Canal Saint Martin se situe un loft abritant l’atelier qui façonne des bijoux au savoir faire unique. Les mots de Baudelaire ou Maupassant notamment y sont martelés sur des pièces d’argent. Depuis la disparition de son fondateur éponyme en 1999, l’entreprise familiale évolue entre les mains de sa femme et son fils Rock, avec qui nous discutons aujourd’hui.

Pouvez-vous vous présenter, ainsi que votre marque ?

La marque est née à Première Classe, la première fois que nous avons présenté notre ligne de joaillerie sur le stand de maroquinerie d’une connaissance. Le succès est arrivé rapidement, c’était fulgurant dès le départ ! Nous avons continué à venir ensuite exposer pour Première Classe. Ce sont mes parents qui tenaient la marque : ma mère s’occupait de la gestion et mon père créait les bijoux. Nous étions quasiment les premiers à proposer des bijoux en argent gravés d’un message, ce qui n’était pas encore une niche. Ce qui fonctionne chez nous, c’est le contraste qui émane de la marque : la poésie délicate des textes gravés sur les bijoux en argent brut martelé. Mais en 1999, mon père décède dans un accident de moto, et c’est donc ma mère et les artisans de notre atelier qui ont repris le flambeau, dans un esprit de collectif. Nous confectionnons toutes nos pièces à la main, à Paris dans nos studios rue Lafayette dans le Xe arrondissement. Entre 1999 et jusqu’en 2013, j’arrive dans l’entreprise et commence à écumer les salons. Mon poste mêle la communication et de la création pure.



Depuis combien de temps venez-vous à Premiere Classe ? Quelles opportunités l’événement vous a-t-il apporté ?

Cela fait maintenant un quart de siècle que nous venons, la première fois devait être en 1995, et comme nous y sommes deux fois par an, je pense que nous devons être pas loin de notre 50ème Première Classe !



Une anecdote, un souvenir, une rencontre à Première Classe ?

Nous avons rencontré tous nos meilleurs clients ici, des agents qui nous accompagnent depuis 25 ans et nous aident à nous développer.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune créateur qui se lance et expose pour la première fois à Premiere Classe ?

Ce que je m’apprête à dire va peut être paraître obsolète au vu du marché actuel et des comportements de certaines jeunes marques. Je crois très fort en la qualité du produit, un produit qui ait de la personnalité, c’est cela qu’il faut mettre en avant. Je verse moi-même des parties de mon être dans mes bijoux, c’est cela l’authenticité. Les bijoux reflètent alors quelque chose qui se passe vraiment dans ma vie. Il faut proposer un produit non seulement bien fait, mais aussi de qualité qui a une part d’universalité. Niveau business, il ne faut pas être timide, aller vers les autres, ne pas hésiter à démarcher, même si on essuie refus sur refus, et être prêt à faire quelques compromis aussi !



Pour vous, Premiere Classe c’est…

Toute une vie !



Quels changements constatez-vous dans le milieu de la mode ? Pour vous, quel est le futur de la mode ?

Pour nous, l’éthique est un élément concret depuis le début de la marque : nous “upcyclons” l’argent le plus possible, c’est à dire que nous recyclons des parties d’appareils photo argentiques. De la même manière, l’éthique nous paraît évident aussi dans la façon de rémunérer nos artisans et leur savoir faire. Nous ne faisons pas de marges mirobolantes puisque le prix wholesale s’élève à 80 euros, pour environ 250 euros en boutique. Nous sommes assez chers pour la niche dans laquelle nous évoluons : la haute fantaisie. Sachant que notre produit est universel et intemporel, le client le garde toute une vie, c’est un gage de qualité. D’ailleurs, nos clients nous les renvoient en réparation afin de pérenniser au maximum le produit. Je confesse être assez pessimiste sur le futur, je pense que nous allons droit dans le mur, l’hyper consommation ne fera qu’augmenter, notre société continuera de fabriquer des produits de piètre qualité confectionnés par des ouvriers surexploités et sous payés … Je ne suis pas sûr que les consommateurs soient prêts à payer plus cher ce qu’il ont l’habitude de consommer à bas coût pour un usage unique. Notre société broie ceux qui ne peuvent pas s’offrir d’y vivre. D’un autre côté, nous ne sommes pas les seuls à avoir une démarche éthique, il ne faut pas perdre espoir !

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