La pièce est vide et dénudée, presque immaculée.

La stupeur du premier regard laisse place peu à peu au questionnement et à la réflexion. L’oeil est baladeur, il aime explorer, construire des histoires. Voir le beau. Mais à cet instant, tout est blanc et dépouillé. Pas d’écran ni d’artifices, pas de distraction ni de divertissement. Tout est vide.

Quelques secondes passent. Puis l’oeil se prend à inventer. Il bouscule cette vision inerte et se met à imaginer… Ici du bleu, un long aplat. Universel, puissant, magistral. Une note suffit à maquiller l’espace. L’imagination se fait de plus en plus féconde. Ici un splash de rouge. Par là une texture de mauve : elle apparaît comme appliquée sur la peau. La contrainte ne limite pas la création, elle la stimule. La pièce désormais s’illumine dans un concert de pigments et de tonalités joyeuses. L’oeil s’y fait volontiers.

Peu à peu, des formes ondulent dans un tourbillon de teintes et de matières. Bottes grimpantes, capes virevoltantes, maxi-bag et parures ondoyantes réalisés par la main de l’homme : tous se croisent et s’entremêlent portés par la ferveur de l’élan créatif. La valse de l’objet se poursuit. Un à un, ils se posent puis s’exposent triomphants. Précieux, minimalistes, volumineux, tapageurs. On se presse pour les admirer, on passe pour les essayer. La mode aime à se parer, à se fétichiser. Dans un coin, cuirs magenta et orange fusionnent, on “vermilonne”. De l’autre, des pierres cyans et pourpres font des essais. Ultraviolet. Les nuances et les mélanges, soudain, font loi.

À la tombée du jour, alors que Soulages investit peu à peu le Jardin du Roi Soleil, l’accessoire découvre son nouvel écrin de nuit. L’obscurité n’a jamais tant brillé et rappelle aux derniers promeneurs solitaires qu’ici la fête n’est pas finie. Elle commence à peine. La musique bat son plein, boys & girls se rejoignent en bande. L’espace d’une soirée, on a laissé sa raison de côté. Au fond, Pierrot fait le fou pendant que paillettes, plumes et pied-de-poule batifolent.

Tard, dans la nuit. Des silhouettes se faufilent dans les ombres du Jardin des Tuileries. On perçoit des soupçons de lumière qui valsent dans le noir et nous guident vers une aube nouvelle.

Fin février, venez ouvrir votre regard à Premiere Classe.

Crédits :

Photographe : Flora Mathieu

Artiste : Pierre Antoine Ménard